L’écriture

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À trente-quatre ans, je suis une femme, une mère, mais je peux aussi affirmer que je suis encore une petite fille. Je suis de nature extrêmement timide, malgré l’image que je peux projeter.  À travers le quotidien, soit le ménage, le lavage, les repas, j’essaie tant bien que mal de trouver du temps de qualité pour les amis, mon amoureux, mon enfant et s’il reste du temps, parfois pour moi. Je suis une salariée, je ne suis pas auteure, je n’ai jamais publié mais au fil du temps, l’écriture m’est apparue vitale.

Est-ce que l’écriture est pour tout le monde?

Je ne suis pas plombière et pourtant avec beaucoup de patience, il m’est arrivé de devoir changer une toilette. Je ne suis pas thérapeute, mais en accordant le temps nécessaire, en tentant d’être réellement à l’écoute, il se peut que j’aie déjà aidé quelqu’un à retrouver son essence. Je ne suis pas mécanicienne, mais je pourrais, à l’aide d’un ami, changer mes freins. Je ne suis pas un chef, mais j’adore recevoir et cuisiner pour ceux que j’aime et qui m’aiment. On pourrait poursuivre la liste éternellement! Simplement, un jour nous avons tous fait le choix conscient ou non d’une profession au détriment d’une autre qui devient secondaire. On doit tous mettre du pain sur la table. Très peu nombreux sont les joueurs de hockey professionnels, pourtant combien de ligues de garage existent? Combien de fans à suivre les séries? Sans l’endorphine, la noradrénaline et la dopamine sécrétées sur tous ces gens, le monde ne serait pas le même! Il en est de même avec l’écriture.

Pourquoi écrire ?

Le but d’écrire n’est pas de devenir un auteur prolifique, mais simplement de prendre conscience que sans l’écriture notre vie serait chaotique. Comme l’a dit Rainer Maria Rilke : Lorsqu’on écrit on s’écrit. Nous écrivons pour ne pas oublier, chaque semaine nous dressons tous une liste de courses, épicerie, pharmacie… Puis une liste de tâches par ordre de priorités… Sans oublier les mots doux par texto à ceux que nous aimons au fil de la journée ou griffonnés sur un bout de papier au petit matin avant de quitter la maison… Sans compter les vœux d’anniversaire Facebook! Un jour où l’autre on se surprendra à rédiger notre testament pour que notre volonté soit faite quand on ne sera plus là pour protéger les gens qu’on aime lors de notre départ. À rendre hommage à un être cher ou un collègue qui part pour la retraite, et il faudra bien pondre un truc intelligent pour le 25ième anniversaire de mariage de nos parents. Certains se risquent à philosopher, à émettre leur opinion, voire à défendre leurs idées sur certains médias sociaux avec pseudonyme ou non.   D’autres prennent même le temps en fin d’année de dresser un bilan de l’année qui vient de s’écouler et couchent sur papier leur objectif pour ce qui arrive devant. Mais pourquoi font-ils cela? Pour ne pas oublier, pour classer, faire de l’ordre, pour laisser une trace, pour être plus libres…pour poursuivre la route et évoluer probablement! Mais aussi pour s’exprimer, car nous avons tous des choses à dire qu’on endort au gaz trop pris par la vitesse du monde qui nous entoure. Dans l’ère d’aujourd’hui, on doit aller vite. Toujours porté par l’adrénaline, on fera le vide une fois l’an en s’achetant un billet d’avion pour une destination X en surfant sur cette idée d’éventuel temps de repos, en se disant que dans 3 mois on pourra faire le vide!  On se prend d’urgence un rendez-vous massage détente en croyant qu’il va tout rétablir comme par magie. Mais on oublie le travail de fond que nous devons poursuivre une fois seul à la maison. C’est beaucoup plus simple de poursuivre dans notre zone de confort. Je n’ai jamais eu besoin de ça avant de toute manière. Je ferai le grand ménage du printemps au printemps prochain! Mais c’est tellement plus simple de ranger au fur et à mesure chaque chose à sa place et de nettoyer une tache fraîchement faite. On a tous le pouvoir, ici et maintenant, de laisser ses pensées, ses idéologies en plus de 144 caractères sur les médias sociaux et de faire un vrai travail de fond.

Comment s’y prendre ?

Écrire c’est une responsabilité, un choix qui demande énormément de discipline et de volonté. Et puis un jour cela devient un réflexe Ô combien bénéfique, car écrire permet de créer sa vie selon ses valeurs, en toute liberté et légèreté. Cela permet de laisser une trace pour ceux que vous aimez et qui vous aime, mais aussi pour vous, pour vous surprendre et vous émerveiller. Oui, émerveiller l’enfant qui rêvait jadis, ou bien pour apaiser le départ d’un être que vous aimiez, prendre le recul nécessaire face à une situation problématique ou simplement pour s’amuser! Chaque jour, chacun de nous écrivons dans notre tête, en voiture, chez le dentiste, avec des amis. Nos pensées vagabondent sans arrêt et s’entremêlent parfois de petits et gros jugements sur ce que nous voyons et entendons. Chaque minute qui passe nous sommes l’auteur de notre vie. L’écriture est un geste d’intimité, un passage, une délivrance, une transformation ludique, c’est votre manière d’être. Chacun de nous avons des histoires à raconter.

Par où commencer ?

Poser le geste de s’offrir un beau cahier, un nouveau crayon, juste pour soi. Que ce cahier devienne notre meilleur allié, notre meilleur ami sans jugement, plein d’amour inconditionnel, qui nous permet de prendre du recul et simplement plonger en ayant qu’une chose en tête : aujourd’hui, maintenant tout est possible! L’action de s’arrêter, de laisser danser les lettres dans un cahier vide effraie, c’est vrai, mais si on prenait une page à la fois, une ligne à la fois. Et si on se laissait surprendre par ce qui vit réellement en nous? Et si on s’offrait la possibilité de voir autrement, de se voir autrement? Et si on créait notre vie? On risque quoi au fond? Une belle surprise rien d’autre!

Est-ce que l’écriture est pour tout le monde?

Oui, j’y crois profondément!

Bonne découverte!

Andréanne Cossette, comédienne