La fois où j’ai osé

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J’avais 21 ans. J’avais comme projet de partir pour l’Allemagne pour y suivre quelques cours de langue. Toutefois, une crainte vivait en arrière pensée, une petite voix me disait que j’étais folle de m’embarquer dans une aventure comme celle-ci. Je pouvais bien rester à la maison et suivre mes cours d’allemand ici comme tout le monde, non?

Mon père vient me reconduire à l’aéroport. Je crois qu’il est plus nerveux que moi, mais je ne réalise pas encore dans quoi je m’embarque. La petite voix qui se fait silencieuse attend le premier moment de stress pour revenir avec force. Le vol se passe bien, j’arrive à Paris. Ma valise, pour une raison inconnue, est restée au Québec. J’arrive à contenir la petite voix pour me concentrer à ne pas manquer mon train qui part sous peu. Une fois assise dans le train à grande vitesse, je m’endors, épuisée par le vol de nuit. J’arrive finalement à destination. Quelqu’un doit venir me chercher pour me conduire à ma résidence. Mon petit sac de vivres et mon sac à dos avec moi, j’entre donc dans ma chambre de résidence, petite, et surtout loin de chez moi.

photo-jaiose_FotorVOC’est à ce moment que je me rends compte que ça ne va pas, que je suis seule. La petite voix que je réussissais à taire toute la journée revient fièrement. À quoi ai-je pensé de venir ici?! C’est quoi mon foutu problème?! Là, je suis toute seule et personne n’est là pour m’aider! C’est là que je réalise que je n’ai rien sans ma valise, que je ne peux même pas prendre ma douche, car contrairement à un hôtel, une douche de résidence n’a ni serviette ni petit pot de shampoing. Il y a d’autres étudiants autour, mais je n’ose m’approcher. Ils parlent tous mandarin et se tiennent ensemble. Je reviens dans ma chambre et m’y enferme. Je me mets à pleurer, je veux rentrer chez moi. Je ne me suis jamais sentie aussi seule de ma vie.

Heureusement, j’ai le WIFI et Skype. Je sèche mes larmes et me dirige vers mon portable qui avait heureusement fait le voyage avec moi. Je me fiche de savoir quelle heure il est au Québec, j’ai besoin de voir un visage réconfortant. J’appelle mes parents, pas de réponse. J’appelle mon chum, pas de réponse. J’appelle chez mes beaux-parents, j’ai une réponse! C’est mon beau-père. J’ai un air piteux et les yeux rouges. Il me demande si ça va. Je raconte ma journée en essayant de ne pas pleurer. Je suis visiblement épuisée. Il essaie comme il le peut de me réconforter. J’arrive à rejoindre mes parents puis mon chum, et je pleure abondamment. Ils m’encouragent à rester, à au moins suivre un premier cours. Leur présence me fait du bien. Malgré qu’il ne soit que 20h30, je vais dormir, je veux oublier cette journée, je veux oublier où je suis.

Étonnement, je dors jusqu’à midi. En me réveillant, j’apprends que ma valise me rejoindra en fin de journée. J’attends patiemment au bord de ma fenêtre toute la journée. J’arrive même à sortir dehors et je m’assois au soleil. Toutefois, c’est comme si je me sens honteuse, la petite voix me gronde comme une enfant, me dit que j’aurais dû l’écouter et rester à la maison. Je tourne en rond. Les heures passent. Les heures semblent plus longues en Allemagne… Je vois enfin un taxi arriver avec mes effets personnels. À ce moment, j’oublie le mot valise en allemand et crie : « LA VERTE, LA VERTE, À MOI, À MOI!» L’homme me donne mes affaires et repart. Je retrouve mes vêtements, mon shampoing, ma brosse à dents. Je suis soulagée. Je reparle à mes parents et à mon chum. Ça va un peu mieux. Je crois pouvoir survivre pendant deux semaines.

Ma première semaine de cours se déroule en dents de scie. Je change souvent de classe, car je ne suis pas classée dans le bon niveau. Au lieu de me retrouver dans un cours de conversation l’après-midi, je suis dans un cours de grammaire avancée. Lorsque je reviens à ma chambre, je travaille sur un autre cours et je me couche vers 8h. Je n’ai pas envie de découvrir la ville et ses environs. J’ai seulement le goût d’aller dormir pour oublier. Tout change lorsqu’une amie qui était aux Pays-Bas vient me rejoindre en Allemagne pour quelques jours. Je me sens mieux. Nous découvrons le château du coin, les sentiers dans les jardins, les rues touristiques. Sa présence éloigne les nuages. Je reprends goût à mon voyage. Il ne me reste qu’une semaine pour en profiter. Mon amie repart vers l’Espagne et je me retrouve à nouveau seule. La deuxième semaine de cours commence mais cette fois-là, on ne me change pas de classe et j’arrive même à me faire des amis sud-américains qui me prennent sous leur aile. Ils me font découvrir les bons restaurants et où faire l’épicerie et m’apprennent à jouer au UNO avec les règles mexicaines. Ce fut une extraordinaire semaine.

Je quitte l’Allemagne pour aller voir une amie qui fait une session dans le sud de la France. Je passe encore une merveilleuse semaine à visiter des châteaux et des lieux historiques.

Je reviens au Québec et je suis bien heureuse de revoir mes parents à la station de train. Malgré tout, oui, je referais ce voyage et ne laisserais pas la petite voix prendre le dessus, même en sachant ce que je sais aujourd’hui. Oui, j’ai osé, ça n’a pas été facile. Heureusement, j’ai eu de l’aide et du soutien. Je recommande à tous d’oser de temps en temps, de sortir de sa zone de confort et de persévérer, car on ne sait jamais sur quels trésors on peut tomber. J’aurais probablement eu des regrets si j’avais décidé de reprendre le train vers l’aéroport le plus proche dès mon arrivée à ma chambre de résidence allemande. Il faut donc aller plus loin que ce que nous dit notre petite voix peureuse dans notre tête!

Cet article de blogue a été rédigé par Ariane Lessard

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