Poème à la terre

En cette semaine de la Terre, que pourrait-elle bien nous dire si elle savait parler le langage humain ?
Tu me connais depuis toujours
Façonnée d’eau, de terre et d’amour
J’étais là bien avant ton temps
Au gré de lourdes batailles et de mauvais temps
Tu es sorti de mes entrailles
Comme une boule de feu
Ardente en mon creux
Mon cœur se ride peu à peu
lorsque je voyage
Dans tes veines bleues
Je devine les mots
Que tu ne poses plus
Sur tes maux
Et je tressaille
De tant d’idéaux
Et de rêves de paille
Dans mes silences se dessinent des leçons
Qu’à l’évidence, tu refuses sans condition
Si mes espoirs avides de rébellion
S’organisent en ton sillon,
Tes derniers pas de danse
Se perdront à l’horizon
J’étouffe, je souffre
Je pleure, j’ai peur
Je meurs
Restera-t-il des koalas cendrés
Des eucalyptus pour y grimper
Restera-t-il des orangs-outans
Des îles pour les préserver ?
Restera-t-il des manchots empereurs
Des glaciers pour y demeurer
Restera-t-il des bélugas
Des eaux froides pour y plonger
Restera-t-il des tortues luths
Des plages de sable pour y engendrer
Restera-t-il des rivières
Des ruisseaux pour s’y abreuver
Restera-t-il des arbres carquois, des peupliers noirs, des moabis et des araucarias
Des forêts pour se connecter
Restera-t-il des arbres fruitiers
Des noix de coco pour se désaltérer
Restera-t-il des nielles de blé, des xérophiles, des coquelicots et des bleuetsDes abeilles pour les butiner
Restera-t-il enfin ces chemins
Où je serrais ta petite main
Tenant ton destin en mon poing
Sans se soucier du lendemain
Tu es sur mon seuil
Je suis ta terre d’accueil
Ce poème est tiré de la 1re chronique «Un mot» de l’émission GRAND V (visionner à 7:38)
Photo :
sergio souza