La fois où je vous ai rencontrés, pour de vrai

Le 27 mai dernier, dans le cadre de la journée On bouge à Shawi, j’ai eu le grand plaisir d’aller à la rencontre de la population. Armée d’une paire d’espadrilles et d’un stylo, La Philanthrope m’avait confié une mission : interroger les gens sur leur mode de vie. Le but? savoir ce à quoi les gens pensaient lorsqu’on leur évoquait les mots ‘’mode de vie dynamique et équilibré’’. Mission assez facile, me suis-je dis, puisque tous étaient présents pour célébrer les bienfaits de bouger. Je ne m’attendais pas à recevoir de grandes révélations. Quelle erreur! Je ne pourrais dire si c’était l’ambiance conviviale, l’énergie des participants ou le soleil bienfaiteur, mais j’ai rencontré, cette journée-là, des êtres humains uniques et extraordinaires.

Première constatation : les gens de Shawi sont actifs; bien sûr, en étant là, il était déjà clair qu’ils étaient vendus au bien-fondé de l’activité physique sur leur santé. Pourtant, vous serez étonnés de savoir qu’ils m’ont tous révélé majoritairement regretter ne pas avoir plus de temps pour bouger ou encore, être plus motivés à le faire; moi qui les trouvais déjà bien impliqués d’aller marcher, courir ou rouler, un samedi matin!  Toute une grande communauté de passionnés amateurs était réunie pour la cause, des plus petits aux plus âgés et leur message était évident : être un modèle pour les autres.

Pour entendre les gens, il faut aller vers les gens, alors j’ai marché. C’est à ce moment-là, que je me suis faite prendre au détour du parcours. Non seulement, furent-ils tous généreux par le temps consacré à me répondre, (appuyés sur une poussette, dansant au rythme de l’animation ou mangeant leur hot-dog bien mérité) mais encore plus dans leur envie de m’ouvrir librement une partie de leur histoire.

L’histoire de cet homme de 78 ans qui complétait sa marche de 4 km et qui, dès la première question, me raconta comment il avait été un sportif aguerri jusqu’à l’âge de 50 ans, jusqu’à ce qu’il ait brûlé tout ce qu’il avait et qu’il ralentisse. Pourquoi? Parce qu’il n’avait tout simplement plus le goût de performer, il voulait s’amuser. Alors, est-ce cela l’équilibre? S’écouter?

Ensuite, sont arrivés les gilets rouges; une bande d’ados d’en moyenne 80 ans, tous résidents aux Jardins du Campanile. Ils étaient bien concentrés sur le tirage des prix de présence et il a fallu que je choisisse mon moment; après tout, rien ne presse plus comme ils me l’ont dit! Vous vous doutez bien que je n’ai pas eu grand place pour leur poser des questions; ils m’ont rempli le cerveau d’images d’aînés actifs, appuyés par leur communauté et n’ont pas oublié de me spécifier qu’un petit verre de temps en temps, ça fait partie de l’équation gagnante. Intéressante perspective du dynamisme. Croyez-moi, si c’est ça vieillir et bien, allons-y! Leur recommandation : tuer la routine ou elle vous tuera.

Et puis j’ai aussi trouvé ‘’le monsieur du banc’’. Tiens, un autre son de cloche pour mon sondage. Il était là à profiter du temps, à parler avec d’autres inconnus car c’est cela un rassemblement, se rapprocher de l’autre; il attendait sa femme qui faisait la randonnée du maire parce que ‘’elle, c’est une Rose!’’. L’amour était assis avec lui assurément et le tenait actif, à travers le regard de l’autre, pour rester en vie, surtout dans son cœur et dans sa tête.

Et puis cet homme, qui préférait se faire questionner en anglais mais qui répondait tout le temps en français ‘’anyway’’. Entouré de ses enfants et sa conjointe, il avait enfin du temps à consacrer à sa famille; ensemble, ils ont décidé de quitter Montréal et retrouver une qualité de vie; c’est aussi ça l’équilibre non?

Je pourrais vous parler de Mr X, qui s’est mis à courir pour la première fois à 57 ans et qui fait 8km aux deux jours, ou de la petite minette aux couettes blondes qui rayonnait de bonheur après son 1km avec maman, de Madame qui accompagnait sa fille, gonflée de fierté, des dizaines d’histoires inspirantes, pour lesquelles j’aurai marché encore bien longtemps.

À la fin de cette rencontre organisée, je fus la grande gagnante, sans contredits. Je ne connaîtrais jamais vos noms mais je me rappellerai souvent de nos échanges emprunts d’amour, de positivisme et d’humilité; tous avaient des raisons diverses d’être là, tous avaient une histoire surprenante, touchante, marquante. Je n’ai pas marché, ni couru ou roulé cette journée-là; j’ai avancé, aimé et découvert. Au-delà de bouger pour le plaisir, ils sont tous venus à la rencontre d’un contact. Dynamique ça oui; équilibré? Je n’ai subitement plus de définition; chacun y trouve son compte. Ce dont je suis convaincue c’est que non seulement on bouge à Shawi, mais surtout on vit à Shawi!

veroniquebuisson

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